Quelque chose comme une araignée


L’institution psychiatrique est un observatoire de la folie, elle a été pensée comme telle. C’est là, depuis plus de deux siècles, que le regard médical examine les comportements des corps dits « fous ». Pour photographier aujourd’hui en psychiatrie, il faut renoncer aux visages. Les patient·es ne doivent pas être reconnu·es, la folie est encore un stigmate, elle ne doit pas être sue. Il faut donc baisser les yeux et scruter les corps, les postures, les gestes, chercher d’autres manifestations des affects.

Les corps que j’ai observés sont des corps contraints, soumis à des règles et à un contrôle quasi permanent. Ces corps se tordent, se camouflent, se figent, s’absentent, tentant de s’extraire de ce cadre. Tandis que le regard clinique interprète ces conduites comme autant de symptômes, j’y vois d’abord des formes de réactions et de résistances à ce milieu. Les regards se racontent des histoires.

Au-delà de ces interprétations situées, mes images, lorsqu’elles quittent le terrain et s’exposent, rencontrent encore d’autres perspectives : les projections collectives et individuelles qui façonnent nos visions de la folie et qui saturent de signes ces corps aberrants. Leurs formes, convulsées par nos imaginaires qui les métamorphosent, les écartèlent et les disloquent, deviennent informes, dévoilant les impensés de nos représentations de la folie.

Ce travail se compose de trois éléments :
mes images 

Il s’exposera sous la forme d’une installation qui, chaque fois, s’inscrira de façon spécifique dans l’espace proposé en cherchant des résonnances avec les lieux. Ces éléments y seront à la fois séparés et interagissants pour donner aux regardeur·ses des espaces de libre association.