Quelque chose comme une araignée


Ce travail est une tentative de penser en images les impensés que nous projetons sur les corps des personnes dites folles.

Ces photographies ont été réalisées en France dans une unité de soins intensifs et dans une unité pour adultes autistes, toutes deux fermées, du Centre hospitalier Montperrin à Aix-en-Provence, et au Sénégal, dans le Centre psychiatrique de Kénia à Ziguinchor et dans le Centre Weral Xell à Tobor.

L’institution psychiatrique est encore un lieu à part, stigmatisé et stigmatisant. Outre sa mission thérapeutique, elle a pour fonction tacite d’exclure certaines personnes de nos sociétés, de nous en protéger et de les contenir dans un espace à l’abri de nos regards.

De l’extérieur, elle cristallise des peurs inarticulées ; à l’intérieur, s’y manifestent de façon exacerbée les dysfonctionnements et les névroses de notre société.

Pour photographier aujourd’hui en psychiatrie, il faut renoncer aux visages ou les dé-visager. Les patient·es ne doivent pas être reconnu·es, la folie est encore une honte et l’institution un organe de contrôle.

Les corps que j’ai observés sont des corps contraints. Ils se cachent, se tordent, se figent, s’absentent. Tandis que le regard clinique interprète ces conduites comme autant de symptômes, j’y vois d’abord des formes de réactions à ce milieu.

Ce travail cherche à mettre au jour les processus d’aliénation à l’œuvre dans nos sociétés et à déconstruire le regard que nous portons sur ces personnes.

Les voix que vous entendrez sont les leurs. Elles interprètent mes images. Autant de paroles et de visions qui s’immiscent dans nos regards, nos imaginaires, qui les ouvrent à leur vécu et à leur sensibilité et, ce faisant, interrogent nos propres représentations.

 
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